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Les Chroniques des Gens Heureux

20 janvier 2012

Faille

            Il y a des jours comme ça où je donnerais tout ce que j’ai au monde pour retourner en arrière. Passer une semaine au camp, comme au premier été. Sans problèmes. Sans soucis. Rire avec lui comme au tout début. Avant que nos vies s’emmêlent et se mêlent. Avant que tout se complique. Quand le seul fait d’être ensemble nous était suffisant. Lui. Et moi. Et le reste du monde qui semble s’effacer doucement, gommé par sa simple présence. Ma vie, toujours plus floue, teintée de ses mots et de ses éclats de rire. Son sourire aux couleurs d’éternité. De promesse.

            Un monde peut s’effondrer si vite. Je suis heureuse et tout va bien. Mais une faille reste ouverte en moi. Ouverte aux intempéries. Qui l’élargissent à chaque tempête. Jusqu’à ce que la faille se transforme en gouffre. Insondable. Et alors que tout va bien, un mot, une odeur qui se glisse jusqu’à moi. Un souvenir. Implacable. Et le gouffre s’ouvre. Toujours plus profond. Est-il possible de n’aimer qu’une seule personne au cours de toute une vie? D’essayer, encore et encore, de se convaincre que l’on peut ressentir autre chose qu’une solide amitié, qu’une palpitante attirance pour quelqu’un d’autre… En vain? Est-il possible que cet amour, qu’on nous décrit pourtant si beau et poétique, se tienne devant nous, assez près pour être touché sans jamais être saisi, sans jamais cesser de nous narguer?

            Il existe nombre d’hommes plus beaux. Qui correspondent plus à ce que j’ai toujours recherché. Mais au-delà de tout, il reste le seul. Le seul pour qui je renoncerais à tout ce que j’ai. Le seul que je suivrais les yeux fermés sans jamais éprouver le moindre doute. Le moindre regret de laisser tout le reste derrière.

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4 avril 2009

Sacha serre les poings et soupire. En silence.

Sacha serre les poings et soupire. En silence. Elle a simplement demandé à passer du temps avec lui. Comme toujours.

-Je sais pas... Je ne travaille pas, mais Alex voulait qu’on se pratique. J’en sais trop rien, je vais lui demander pour mettre la pratique le soir, mais elle ne pourra peut-être pas.

La même réponse qu’à l’habitude. Elle sait qu’il l’aime. Elle n’en a aucun doute. Le feu qui brûle dans ses yeux lorsqu’il la regarde, son silence soufflant des promesses d’éternité, ses doigts qui coulent sur elle comme une source, la transformant en une créature surhumaine, la réduisant à moins qu’une ombre… Elle sait qu’il l’aime et qu’il ne la fait pas souffrir volontairement. Et pourtant, elle a mal. Elle sait parfaitement qu’elle en demande trop, qu’elle est incapable d’être comblée. Il lui donne tout ce qu’il peut, mais elle en voudrait toujours plus, impuissante à se satisfaire. Elle voudrait que ce soit différent, elle voudrait pouvoir se contrôler. Elle en est incapable. Elle l’aime au-dessus de ce qu’elle croyait imaginable. Elle est forte, elle est drôle et fière. Et sans lui, elle n’est plus rien. Il a bouleversé sa vie beaucoup plus qu’elle ne l’aurait voulu, ébranlé ses certitudes acquises depuis toujours, réduit à néant les promesses qu’elle s’était faites.

Elle a toujours peur. Elle est toujours incapable de se laisser complètement aller. Elle l’aime au-delà des mots, au-delà des gestes. Elle l’aime. Et elle est incapable d’abaisser totalement ses barrières. Elle a besoin qu’il lui dise qu’il l’aime même quand son regard le lui crie. Elle a besoin qu’il la rassure. Elle a besoin d’être indispensable. Elle a besoin de se sentir importante, elle voudrait pour une fois qu’il la fasse passer en premier. Elle sait à quel point tout ça est important pour lui, c’est justement pourquoi elle aimerait qu’à cette seule occasion il refuse pour simplement être avec elle. Elle sait parfaitement qu’elle en demande toujours trop. Et comme à l’habitude, elle s’en veut d’être aussi égoïste mais ne peut s’empêcher de continuer à penser la même chose. Elle aurait envie de pleurer, mais elle est trop orgueilleuse pour s’en donner le droit. Elle aimerait tellement être une meilleure personne. Une larme perle au coin de son œil. Un sourire amer étire ses lèvres, puis se transforme en un véritable sourire. Elle l’aime. Beaucoup. Et ça lui suffit.

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Les Chroniques des Gens Heureux
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